Croises vs Requins

Publié le par Lui & Moi

Christchurch - le 30 avril 2005
 
Aujourd'hui, ami lecteur nous avons assiste au spectacle le plus culturel qu'il soit donne de voir a un habitant de Christchurch: nous avons vu les Croises massacrer les Requins. N'y vois aucune represaille a caractere historico-religieux envers ce poisson un peu antropophage qui abonde par ici. Il ne s'agit que de rugby.
 
Le rugby, c'est plus que du sport pour ces Anglais du bout du monde, c'est un pilier culturel de tout habitant male de la Nouvelle-Zelande, avec l'elevage du mouton, la tonte du mouton, boire dans les pubs avec les copains pour parler des problemes du mouton et faire du bateau le week-end pour oublier un peu le mouton.
 
On avait tres envie de savoir pourquoi l'on etait aussi fou de ce sport par ici alors que rien, a priori, ne pousse le neo-Zelandais a tater de la balle ovale. Tout d'abord, il n'a pas trop le choix. Quand il est a l'ecole, le kiwi peut pratiquer plusieurs sortes de sport: le rugby a 7, le rubgby a 13 ou bien encore le rugby a 15. Il y en a des qui jouent au foot, mais en regle generale, bizarrement, ils ne comprennent rien au mouton, du coup ils partent vite. En consequence il y a peu de joueurs adultes de football.
 
Un match Croises contre Requins, c'est un p'tit peu comme un Biarritz-Auch de notre Top 16 qu'on a chez nous sauf qu'en fait ca n'a rien a voir meme si ca se joue aussi a 15 hommes contre 15 hommes. On n'a jamais assiste a un Biarritz-Auch, mais on est a peu pres sur qu'il n'offre pas a son public le spectacle qu'il nous a ete donne de voir.
 
Tout d'abord, les equipes en lice pour le titre s'affublent de noms, puises dans l'imaginaire collectif, qui font tres peur dans le but d'impressionner un adversaire qui lui-meme s'est aussi dote d'un nom dont il espere qu'il plongera ses rivaux dans l'effroi. Du coup, c'est un peu la surenchere: tu trouves les Cyclones, les Centurions, les Tempeteurs, les Taureaux, les Rouges (ce qui fout les jetons aux Anglo-Saxon ultra-liberaux) ou bien encore les Waratahs, dont on ne sait pas tres bien ce que c'est, mais ca fout les jetons quand ils le crient tres fort. Non content de cela, elles se dotent aussi de devises un peu exagerees pour semer la terreur dans les rangs de l'equipe adverse. Ainsi, les Highlanders, qui ne sont pas des fans de Christopher Lambert, mais les joueurs de Dunedin, ont pour devise "On les encercle et on les passe par l'epee". De plus, ce n'est pas vraiment du sport mais du "rebel sport" (c'est en tout cas qu'est-ce qu'il y a marque en tres gros sur le pre dans des couleurs tres criardes).
 
Ensuite, il nous faut un peu te parler du stade. Ce n'est pas vraiment un stade mais un chateau-fort muni d'une belle herse en contreplaque flanquee de deux tres grosses torcheres qui, lorsque l'equipe locale marque un essai, crachent d'enormes flammes de Gaz Liquefie de Petrole, tout cela dans la plus absolue securite du public, bien entendu.
 
 
 
 
Mais nous allons un peu vite en besogne en te parlant d'essais marques. En effet, le Super 12, c'est avant tout un show pour toute la famille qui s'ouvre bien avant le coup d'envoi. Le stade-chateau-fort possede une immense epee d'aspect moyennageux dressee sur la remorque d'un tracteur tous girophares allumes et devant laquelle se tremoussent une armee de Pom Pom girls tres dynamiques et au sourire exagerement force.
 
 
 
 
Leur gymnastique suggestive effectuee, elles laissent la place au clou du spectacle: la horde sauvage et grandiloquente des chevaliers croises qui penetrent sur leurs beaux destriers, le tout sur la musique pompiere commise par Vangelis pour 1492, chef d'oeuvre cinematographique des annees 90. Le public familial, chauffe a blanc, presente a cette fiere chevauchee les epees en plastique precedemment acquises aupres du revendeur officiel de la franchise Crusaders (TM). Le match peut alors commencer.
 
 
 
 
Les joueurs entrent sur la pelouse sous les hourras ou les lazzis de la foule, selon la couleur de leur maillot. Un joueur de Super 12, c'est un peu comme un bonbon Haribo, c'est habille de couleurs vives et c'est plein de produits chimiques qui le font courir a toute berzingue et tres longtemps ou plaquer tres violemment, suivant qu'il est en mode attaque ou defense.
 
Pendant que l'on s'etripe sur le terrain, les spectateurs eux, ont faim, continuellement faim. Alors ils se levent toutes les 10 minutes pour se ravitailler en Crusader's Hot-Dog ou en DB Draught ( la biere officielle du Croise). L'inevitable tripotee d'adolescentes presentes dans le public, quant a elles, ne manquent pas d'hurler hysteriquement le nom de l'arriere de l'equipe, non pour ses qualites rugbystiques mais parce qu'il est dote d'un physique plutot avantageux.
 
Resultat final: 77 a 34, soit un bon 11 a 5 en football (pour ceux de nos lecteurs qui ne s'y entendraient pas en scores rugbystiques).
 
Si tu as toi aussi l'occasion, ami lecteur, de passer un de ces 4 par Christchurch, NZ, et d'aller voir les Croises dans leurs oeuvres, tu ne manqueras pas de saluer, en sortant du Chateau, l'icone d'une ville, le symbole d'une culture locale: un amas de platre peinturlure de 25 metres de haut tronant a la sortie du stade et representant le Croise a la casaque noire perche sur son fier destrier.

Publié dans Nouvelle Zélande

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T
Au Stade Français ça fait longtemps qu'ils ont les "Eurogirls", mais pas les combats de chevaliers.
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